De Villers-Cotterêts (où il était enterré) à Paris Panthéon (où l'attend un immortel tombeau), ça fait une petite trotte. Pas un grand voyage. Mais c'est son dernier. Le seul que le grand Alexandre Dumas ne pourra pas nous faire partager. Le seul qu'il effectuera sans carnet de notes et futurs lecteurs. Le seul qu'il passera inerte, sans brailler, sans bâfrer, sans rencontres à raconter. Mais, longtemps après sa panthéonisation, ses voyages rouleront pour lui.
Le voici, non loin des rives de la Volga, assis près d'une princesse kalmouke, dont il vient de vanter les charmes. Douze dames d'honneur veillent, «raides comme des poupées sur leur bâton». Soudain, à un signe de la princesse, les douze retroussent leur robe, bondissent sur des chevaux «sans le secours des étriers» et partent «au triple galop en poussant des cris sauvages». Dumas jubile. «J'étais au comble de l'étonnement : j'avais donc enfin rencontré l'inattendu, c'est-à-dire l'idéal du voyageur.» Pour Dumas, tout voyage se doit d'être une mine d'inattendus.
Quand il part pour Saint-Pétersbourg en 1858, sa gloire est derrière lui, il a déjà triomphé au théâtre, il est déjà l'auteur du Comte de Monte-Cristo et des Trois Mousquetaires. En Russie et Au Caucase seront ses ultimes «impressions de voyages». Les plus extravagantes aussi, car les plus traversées d'aventures exotiques. Ce genre ponctue la vie d'Alexandre depuis 1834, année où paraissent des Impressions de voyage en Suisse, où il décrit Chateaubriand en train d