Chez elle, c'est la cabine 17. Dans cet Algeco protégé des regards par des draps, planté sous un hangar où les bruits s'assourdissent. C'est là qu'elle a trouvé refuge, depuis le 20 août. «Mais ce n'est pas une maison», dit-elle. Shanaz fait partie du dernier millier d'étrangers encore présents à Sangatte. Depuis la fermeture des portes du centre de la Croix-Rouge aux nouveaux arrivants le 5 novembre, seuls les migrants recensés et badgés ont le droit d'y dormir, d'y manger et de s'y laver. D'attendre, aussi. Incertains sur leur sort. Shanaz vit ici, avec un jeune beau-frère et ses deux derniers enfants. Un garçon de 5 ans qui se déplace avec difficulté, et une petite fille de 2 ans, aux grands yeux noirs et aux oreilles percées d'or. C'est une famille afghane endeuillée.
Elle, un foulard épais sur la tête, pieds nus dans des sandales avec du vernis écaillé, parle d'une voix douce et lasse. «Mon mari a été pris par les talibans, il y a deux ans. Ils l'accusaient d'être un ami de Najibullah (l'ancien président communiste, destitué par les moujahidin en 1992 et tué en 1996, ndlr). Ils sont venus, l'ont battu devant moi. Je l'ai agrippé. Je ne l'ai jamais revu.» Sa dernière fille était à peine née. Sa famille aisée de commerçants pashtouns originaires de Kandahar, installés à Kaboul et accusés d'être communistes, s'enfuit alors. Transit par le Pakistan. Son beau-frère emmène avec lui les deux aînés de Shanaz et part avec sa femme et sa mère. Ils sont sept en tout à voyager. Shan