En réglant rapidement et humainement le dossier Sangatte, Sarkozy a réussi à retourner un dossier pourri en billet gagnant. Ceux qui le détestent parce qu'il incarne, non sans provocation, la politique sécuritaire de la droite devront une nouvelle fois constater l'habileté du ministre de l'Intérieur.
Mélange de légalisme et d'absurdité sur fond de misère, le hangar de Sangatte était devenu symbolique et donc gênant. Il fallait effacer cette disgrâce trop visible et trop compliquée pour permettre l'emploi des forces de répression. Sarkozy a donc recouru à la méthode douce tout en accélérant le tempo. Quitte à accepter pour l'occasion ce qu'il refuse ailleurs : la «régularisation pour tous», selon le mot d'ordre des récentes manifestations de sans-papiers. Il est vrai que ce sont surtout nos voisins d'outre-Manche qui «régulariseront». Nicolas leur doit un gros merci.
Sur le fond, bien entendu, rien n'est réglé. Des misérables venus parfois depuis le bout du monde continueront à tenter leur chance vers la riche Europe qui persistera à n'en pas vouloir. Avant qu'à Sangatte les premiers bénéficiaires de l'accord n'aient reçu leurs précieux permis, leurs successeurs sont déjà en chemin vers les rivages du Pas-de-Calais toujours aussi inhospitaliers. Si tragique que puisse nous sembler leur errance, elle est presque anodine en comparaison de ce qui se passe ailleurs, par exemple autour de Gibraltar où les naufrages mortels de candidats à la migration sont si courants qu'ils passent