Il y a déjà presque vingt ans, le monde occidental horrifié découvrait un continent noir ravagé par la famine et se mobilisait à coups de concerts humanitaires pour l'Ethiopie. Les responsables des Nations unies annoncent de nouveau pour 2003 une «crise humanitaire catastrophique» qui menace plus de 38 millions d'êtres humains en Afrique australe et orientale y compris en Ethiopie, dont le président affirme que 15 millions de ses concitoyens risquent de mourir de faim si l'aide internationale n'arrive pas. Le Programme alimentaire mondial demande «une injection massive de fonds» pour éviter le pire. Bob Geldof, l'inventeur du rock humanitaire, s'indigne que rien n'ait changé en vingt ans. A qui la faute ?
Pour les tribus d'Afrique australe, l'éclipse desoleil qui a eu lieu mercredi, présage de très mauvais augure dans les traditions locales, témoigne de la colère des dieux. Pour les météorologues, le coupable est à rechercher du côté des variations climatiques brutales liées au phénomène d'El Niño. Les fonctionnaires onusiens dénoncent l'égoïsme de pays riches, dont les aides sont en baisse constante. Mais si la famine est un phénomène si récurrent qu'il en vient à paraître inéluctable, c'est qu'elle a sa cause dans la politique, c'est-à-dire dans l'action ou l'inaction des hommes, à commencer de ceux qui dirigent ces pays.
L'Afrique souffre, plus que d'une sécheresse certes exceptionnelle, de guerres civiles, des politiques ubuesques de potentats locaux, ou de gouvernants m