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Libération

L'Afrique en état de famine

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Plus que la sécheresse, les responsabilités sont politiques.
publié le 6 décembre 2002 à 2h02

La grande faucheuse est de retour. C'est hélas déjà une certitude, 2003 sera l'année de la grande famine. Préciser qu'elle va, une fois de plus, ravager l'Afrique relève du pléonasme, tant le continent vit au rythme régulier des disettes bibliques et des hécatombes de masse.

Depuis des mois, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) tire la sonnette d'alarme, sans grand succès. Son directeur exécutif, James Morris, est intervenu au début de la semaine devant le Conseil de sécurité de l'ONU. «L'ampleur du désastre qui se déroule en Afrique n'a pas encore été saisie par la communauté internationale», s'est-il alarmé, s'inquiétant de la baisse de l'aide.

Sans chiffre, pas de compassion, alors le PAM en a avancé un : 38 millions d'Africains souffrent ou vont souffrir de la faim. Il est tellement énorme, tellement abstrait, qu'il risque plus de provoquer un soupir d'impuissance qu'un sursaut de générosité. A partir du 16 décembre, le PAM lancera une campagne télévisée intitulée «Alerte à la famine en Afrique».

Foudroyante. Derrière ce chiffre se cache une conjonction sans précédent de crises structurelles (Angola, Soudan), conjoncturelles (Afrique australe, Corne de l'Afrique et, dans une moindre mesure, Sahel, tous frappés par une sécheresse exceptionnelle), voire potentielles (Côte-d'Ivoire)...

Samedi, le Premier ministre éthiopien, Mélès Zenawi, annoncera que 10 à 14 millions de ses compatriotes sont menacés par la faim et lancera un appel aux donateurs. En Afrique