Addis-Abeba envoyé spécial
«La différence entre 1984 et aujourd'hui, c'est qu'on sait ce qui se passe dans le pays», résume Gromo Alex, le directeur de l'unité d'urgence de l'ONU en Ethiopie. Les pluies ont été irrégulières et insuffisantes au cours de l'année, quasi inexistantes par endroits. Dans l'Afar, au nord-est du pays, une région aride d'éleveurs nomades, le bétail squelettique est décimé. L'eau potable fait défaut. Dans les régions peuplées et fertiles, comme l'Hararghe ou l'Arsi, les récoltes sont desséchées (lire ci-dessus).
1984 fut l'année terrible qui vit l'essor de la compassion internationale. Un million de personnes avaient trouvé la mort, sous l'oeil des caméras de télévision. Le gouvernement du dictateur communiste Hailé Mariam Mengistu était alors en guerre contre les indépendantistes érythréens et d'autres guérillas. Il fut accusé de ne pas avoir révélé l'étendue de la famine. Les régions les plus touchées étaient des fiefs de l'opposition, et le gouvernement en freina volontairement l'accès.
Communication de crise. Cette fois-ci, la famine est annoncée, donc évitable. Depuis 1984, des systèmes d'alerte ont été mis en place. «Nous allons interroger les paysans sur leurs récoltes, vérifier la qualité des produits sur les marchés, les précipitations, les apparitions de maladies, l'état de santé des enfants», explique Kerren Hedlung, du Programme alimentaire mondial (PAM) dans la capitale, Addis Abeba. «En moyenne, une personne a besoin de 15 kg de céréales pa