Qu'à l'heure des premiers achats de Noël le Premier ministre décide de «doubler les moyens» du plan Vigipirate pour les fêtes, rassurera-t-il les Français ou, au contraire, les inquiétera-t-il davantage ? Le gouvernement parie sur le premier terme de l'alternative, et il est dans son rôle. Car, par définition, le terroriste ne cherche rien d'autre qu'à terroriser. Et ce serait déjà lui accorder une victoire si la peur l'emportait et poussait à rester chez soi, à déserter monuments et salles de spectacle, grands et petits magasins, au prétexte qu'il y a menace.
Quand bien même d'aucuns croiraient éviter ce qu'ils pensent être des endroits à risque, les récents attentats ont montré qu'il n'est plus de sanctuaire. Les terroristes frappent là où on ne les attend pas et jusque dans les endroits les mieux protégés ou les plus improbables. Qui eût imaginé que la cathédrale de Strasbourg pouvait être une cible ? La France est bien placée pour savoir depuis les années 70 et l'attentat du drugstore Saint-Germain que nul n'est à l'abri. Surtout pas les pays qui prétendent porter haut les valeurs démocratiques et donc s'obligent à combattre les fanatismes, quels qu'ils soient.
Quant à la réalité de la menace, qui en doute ? Il y a trois semaines à peine, nos ministres ont encore multiplié les appels à la vigilance après de nouvelles manifestations d'Al-Qaeda. Leurs collègues européens avaient agi de même. Tous condamnés à osciller entre le risque de créer une psychose et celui de se voir