Gérard Duchêne, professeur d'économie et directeur du Roses, le laboratoire du CNRS qui travaille sur les économies en transition, analyse les atouts des pays qui entrent dans l'UE après dix ans de transition postcommuniste.
D'ici combien de temps les huit pays d'Europe centrale et orientale qui rejoignent l'Union rattraperont-ils le niveau des Quinze ?
D'après moi, d'ici à vingt à trente ans. Ils vont maintenant connaître leurs Trente Glorieuses, c'est-à-dire qu'ils vont avoir un développement semblable à ce que nous avons connu dans les années 50 et 60. Ils sont déjà engagés sur la voie du rattrapage, avec un taux de croissance annuel de 5-6 %, bien supérieur au nôtre. Tous ces pays ont désormais un tissu industriel nouveau et dynamique, comme la Pologne, dont le succès est spectaculaire. C'est le pays qui a le mieux réussi sa transition. Il a très largement dépassé son niveau d'avant 1990 même s'il traverse une légère crise avec un taux de croissance de «seulement» 3 %, liée à la situation économique en Europe de l'Ouest. Ces pays sont potentiellement très dynamiques, ce dont on ne se rend pas toujours bien compte en France. Pour certains, on peut attendre le même type de phénomène qu'avec l'Irlande, un pays encore sous-développé en 1970 et qui est aujourd'hui l'un des plus riches de l'Union, avec un PIB par tête supérieur à celui de la France.
Peut-on dire que ces pays ont réussi leur modernisation ?
D'abord il faut rappeler qu'ils n'étaient pas du tout préparés à affronter