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Libération

Sophie, la girafe qui cache la forêt

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Le jouet no1 des ventes est 100% made in France... mais son fabricant sous-traite 40 % de sa production en Chine.
publié le 17 décembre 2002 à 2h10

Rumilly (Haute-Savoie) envoyé spécial

C'est à Rumilly, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Annecy, au coeur d'une jolie campagne vallonnée, qu'il faut aller chercher l'unique élevage français de girafes. En bordure de la zone industrielle, près de 10 000 girafes en latex dorment à l'intérieur d'un hangar. Toutes tatouées, «Sophie la Girafe». Empaquetées dans leur boîte, griffée «Made in France». Prêtes à partir sur les routes. Une vraie exception française, cette girafe. Premier jouet vendu en France, l'animal a toujours résisté aux sirènes de la délocalisation chinoise. «Car Sophie, c'est Sophie», dit Jean-Claude Strasbach, patron de Vulli (60 salariés), la PME qui fabrique la girafe qui fait «pouet, pouet».

Sophie, 41 ans, c'est l'histoire d'une résurrection industrielle. A la fin des années 80, elle était moribonde et son créateur avait même déposé le bilan. Depuis la reprise de Vulli en 1989, les ventes de girafes n'ont cessé de grimper. En dix ans, elles ont été multipliées par deux, passant de 300 000 à 600 000. A ce rythme-là, tous les bébés français (environ 750 000 naissances par an) pousseront, un jour, leur premier cri, avec une Sophie dans les mains.

«Pas plus idiot». La star des jouets français est en fait restée au stade primaire de la fabrication. Aujourd'hui, la ligne de production est réduite à sa plus simple expression. Pas une chaîne, pas une fonction automatisée. Seules deux ouvrières, pistolets de peinture en main, donnent ses couleurs définitives à l'an