Menu
Libération
Éditorial

Ligne jaune

Article réservé aux abonnés
publié le 18 décembre 2002 à 2h11

En matière d'insécurité routière, comme en bien d'autres choses, l'Etat ne peut pas tout. Mais il peut beaucoup. Jacques Chirac le sait qui a hissé ce drame des choses de la vie au rang de «grand chantier» de son quinquennat. Tout ce qui peut réduire l'insupportable chiffre de la mortalité routière est le bienvenu. Mais quelle que soit leur pertinence, les mesures d'aujourd'hui ne font que s'ajouter à des dizaines d'autres prises par des dizaines de gouvernements précédents, ces trente dernières années. Il ne faut pas en déduire qu'il y a une fatalité, mais il faut bien convenir d'un problème d'application. C'est qu'on aime en France franchir les lignes jaunes et que la tolérance face aux infractions est plus forte chez nous que chez la plupart de nos voisins européens. Or, la vraie dissuasion, c'est la certitude de la sanction, répètent à raison les associations. Mais la sanction en France est la chose la moins bien partagée. Comment en irait-il autrement dans cet Hexagone où la culture de l'impunité, héritée de la monarchie absolue, est encore si prégnante qu'elle règne toujours au plus haut niveau ? Pour ne s'en tenir qu'à la circulation automobile, on n'ose rappeler ces banalités : des cortèges ministériels qui roulent à des vitesses bien au-delà de celles autorisées, des anciens ministres ou des parlementaires arrêtés en infraction par la maréchaussée et qui usent de leur état pour prétendre se soustraire à la loi, etc. Alors, le ministre des Transports a bien raison de