En cette période d'inquiétude sur l'avenir des stocks de poissons, l'aquaculture apparaît à beaucoup comme une panacée. Certains l'imaginent déjà servir de point de départ pour une reconquête. «L'idée de repeupler la mer avec des cabillauds juvéniles produits en élevage n'apparaît pas envisageable, prévient Jean-Louis Gaignon, coordinateur de la «section poissons» à l'Ifremer. La diminution de la ressource sauvage a deux origines. La surpêche, mais aussi les modifications de l'environnement. Avec ce que nous savons des écosystèmes marins, nous aurions une chance infime d'introduire les cabillauds juvéniles au bon endroit, au bon moment et de la qualité nécessaire, pour être sûr que le milieu puisse les recevoir.» Pour Sergi Tuleda, scientifique au WWF, «on n'en sait pas assez pour se lancer, seuls les industriels de l'élevage en profiteraient».
Menace supplémentaire. L'aquaculture est donc pour le moment cantonnée à la production de poissons pour la consommation humaine. «Son intérêt économique croît d'autant plus que la diminution des stocks sauvages et des prises fait monter le prix des poissons, analyse Jean-Louis Gaignon. Depuis deux à trois ans, plusieurs pays ont relancé des programmes d'élevage du cabillaud.» La production ne dépasse pas aujourd'hui les 100 tonnes par an, à comparer au plafond de pêche de 149 200 tonnes de l'Europe. Selon l'Organisation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture (FAO), la production de poissons d'élevage représentait environ 18 mil