Menu
Libération

Ces ex-officiers qui décrivent les exactions du pouvoir algérien

Article réservé aux abonnés
Anciens policiers et militaires dénoncent l'opacité du système.
publié le 23 décembre 2002 à 2h14

«Je m'appelle Habib Souaïdia, je suis un ancien officier ayant appartenu aux troupes spéciales de l'armée algérienne [...]. J'ai vu des militaires massacrer des civils et faire passer ces crimes pour ceux des terroristes.» Ainsi commence La Sale Guerre, livre publié en 2001 dans lequel un militaire dénonçait de l'intérieur, et pour la première fois à visage découvert, les exactions et le fonctionnement de la haute hiérarchie de l'armée. Comme celles d'Abdelkader Tigha aujourd'hui, les révélations d'officiers dissidents ont toujours été la principale manière de connaître les dessous des institutions les plus opaques. Le système algérien en est un tel exemple que les Etats-Unis n'ont trouvé d'autre biais pour «pénétrer» son armée que d'organiser des «manoeuvres navales communes». Mais à la différence de ce qui s'est passé avec les transfuges de l'ex-bloc de l'Est, ces témoignages sur une guerre qui a déjà fait près de 200 000 morts sont toujours accueillis avec réticence par les capitales occidentales. Quand ils ne sont pas délégitimés d'emblée.

Depuis le début de la guerre civile en 1992, les récits d'acteurs du système ne manquent pas. Les premiers à parler furent les policiers qui, cibles privilégiées des tueurs islamistes, sont en première ligne. Par dizaines, ils ouvriront la voie de l'exil. Eux racontent la torture systématique dans les commissariats et certains coups tordus. Mais ce qu'ils dénoncent a peu d'écho hors des organisations humanitaires. Comme si l'opinion occ