Menu
Libération

Les sept moines de Tibehirine enlevés sur ordre d'Alger

Article réservé aux abonnés
Abdelkader Tigha décrit le rôle de la Sécurité militaire et ses liens avec les Groupes islamistes armés.
publié le 23 décembre 2002 à 2h14
(mis à jour le 23 décembre 2002 à 2h14)

Bangkok (Thaïlande) de notre correspondant

Jusqu'ici, Abdelkader Tigha avait gardé le secret. Tout juste avait-il évoqué parfois auprès de ses rares visiteurs l'enlèvement et l'assassinat en 1996 des sept moines français de Tibehirine en Algérie. «Je ne pourrais dire tout ce que je sais qu'en étant protégé», nous affirmait-il dans un premier temps. Une crainte doublée de la peur aussi des «représailles sur sa famille» restée en Algérie.

Emprisonné depuis deux ans au Centre de détention de l'immigration à Bangkok dans des conditions très dures (lire ci-contre), Tigha sait qu'il n'a plus rien à perdre. Son témoignage sur cette affaire, l'une des plus retentissantes et des plus obscures entre Paris et Alger, reste pour cet ex-cadre des services secrets algériens l'une des dernières manières de se faire entendre à travers des barreaux, depuis l'autre bout du monde. Un récit détaillé ­ six pages d'une écriture appliquée ­ sur une opération dont Tigha a été le témoin et qui devait, selon lui, «intoxiquer l'opinion internationale et en particulier la France» afin que son soutien à Alger ne faiblisse pas face à la «barbarie islamiste».

A l'époque déjà, les responsables politiques français et l'épiscopat ne cachaient pas leurs soupçons d'une implication du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), l'ex-Sécurité militaire (SM) dans l'enlèvement ou l'exécution des moines, officiellement attribués aux Groupes islamistes armés (GIA). Mais c'est la première fois aujourd'hui qu'un