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Libération
Éditorial

Lugubre.

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publié le 28 décembre 2002 à 2h16

La naissance d'un premier clone humain (si les raéliens ne sont pas aussi menteurs qu'ils sont dangereux) peut indigner, non pas surprendre. Alors même qu'une unanimité existe pour condamner le clonage humain à visée reproductive, la législation de divers pays occidentaux laissait la porte ouverte aux apprentis sorciers. Voilà donc un bien mauvais départ pour un tabou qu'on prétend universaliser.

De fait, la fabrication d'un être humain génétiquement identique à son prédécesseur (il ne convient pas de parler de «parent») constitue un double attentat, sinon contre le code pénal, contre le consensus éthique des juristes et des scientifiques. Non seulement le clonage est condamnable en tant que tel, mais celui-ci a été mené sans considération des risques élevés et inacceptables encourus par le futur être humain ainsi créé (les meilleures équipes des meilleurs laboratoires connaissent de nombreux échecs dans leurs travaux sur les mammifères).

Il est significatif que cette initiative lugubre ait pour milieu d'origine un groupe sectaire. La fascination pour le clonage biologique n'est-elle pas indexée sur le devenir-clone qui accroche l'adepte à son gourou et le relie à ses copains-clones ? On sait qu'une forte stéréotypie est l'un des traits immanquablement relevés parmi les populations sectaires. En quoi les dingues de l'«éternité biologique» ne sont pas très éloignés des malades du suicide collectif.

La protection législative contre les fantasmagories sectaires trouvera dans cette