La présidence de Bush junior est mal partie pour rester synonyme d'époque heureuse aux Etats-Unis. Seize mois après le 11 septembre, voilà qu'elle subit l'une des plus grandes catastrophes de l'espace. Cela ne contribuera pas à rendre le moral aux Américains. Alors que, partout dans le monde, les opinions publiques s'inquiètent des conséquences d'une guerre en Irak, d'aucuns croient voir dans ce nouveau drame un mauvais présage. Les rationalistes se garderont d'y souscrire. Mais ils noteront que, même dans les domaines où elle ne souffre pas de réelle concurrence, l'hyperpuissance américaine est faillible.
Quels que soient son pouvoir financier, sa connaissance scientifique, son savoir-faire technologique, l'entraînement de ses hommes, elle ne peut tout contrôler, tout dominer, tout prévoir, tout parer. L'aléatoire du risque et ses conséquences stochastiques demeurent. C'est une leçon d'humilité que l'Amérique devrait méditer pour ses futures aventures, spatiales ou autres. Celles-ci ont toujours un coût. Economique d'abord. Il n'est pas sûr, par exemple, que Washington ait consacré assez de crédits au maintien en parfait état de marche des navettes de plus de 20 ans d'âge. Coup humain ensuite. Le débat sur la nécessité de poursuivre ou non des vols habités est relancé. Un débat qu'avait nourri, en France, Claude Allègre, ministre du gouvernement Jospin. Il expliquait que c'était une absurdité de maintenir l'homme dans l'espace, puisque la machine s'acquitte mieux et pour moi