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Libération

La navette, une belle machine usée

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Lancé en 1981, l'engin a été trop utilisé et mal entretenu.
publié le 3 février 2003 à 22h05

«Dangereux et périmé». C'est le jugement abrupt d'un astronaute français, Patrick Baudry, sur la navette spatiale américaine. Navette qu'il a pourtant empruntée en 1985. Incroyable retournement d'image pour un engin qui, lors de sa première sortie en 1981, fit l'admiration générale. La destruction en vol de Columbia vient pourtant sanctionner une stratégie spatiale qui mêla succès et échecs, et une vision erronée de l'avenir technologique.

La navette, c'est une vieille histoire. Richard Nixon en lance le projet en 1972. A l'époque, la Nasa vend ­ et survend ­ un concept d'avion spatial réutilisable, capable de s'envoler vers les étoiles chaque semaine pour faire la navette avec une station orbitale, de lancer des satellites et d'embarquer des scientifiques dénués du profil pilote de chasse des héros de Mercury et d'Apollo. Le tout dans des conditions de sécurité irréprochables et pour pas cher, vante l'agence.

Le développement du programme ratiboise les objectifs. Faute de moyens, la station est remise à plus tard. Faute de miracle technologique, on adjoint à l'avion spatial un énorme réservoir extérieur et des lanceurs non réutilisables. Les cadences de tir s'accélèrent et les coûts dérivent. Pourtant, lorsque Columbia s'envole pour la première fois, Ronald Reagan entonne : «America is back.»

«Leçon d'espace». Jusqu'en 1986, la Nasa a pu croire qu'elle allait gagner l'essentiel du pari. L'explosion de Challenger, à cause des joints de lanceur devenus trop cassants par un froid