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Libération
Éditorial

Coincé

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publié le 5 février 2003 à 22h07

Hier au Touquet, Jacques Chirac, aux côtés de Tony Blair, était sur la défensive, contraint d'esquiver les questions sur le choix décisif qu'il devra bientôt faire : to be or not to be dans la coalition que prépare George W. Bush pour faire la guerre à Saddam Hussein ? En insistant, à raison, pour que toute décision sur l'Irak soit prise dans le cadre de l'ONU, la France a certes ralenti la marche à la guerre. Mais elle s'est peut-être piégée en présumant de son influence. Le forcing américain, avec la présentation aujourd'hui de ce que Bush dit être les preuves que l'Irak défie l'ONU, vise à obtenir un blanc-seing de la communauté internationale. Les Etats-Unis peuvent espérer l'obtenir, après avoir divisé l'Union européenne, comme Chirac et Blair n'ont pu que le confirmer hier (tout en protestant que leur mésentente reste cordiale).

Que fera la France ? Toutes ses options sont mauvaises. Le veto, dont Chirac s'est bien gardé de dire hier qu'il l'invoquerait, consacrerait la paralysie de l'ONU, sans empêcher la guerre. Une abstention marginaliserait Paris. Un ralliement à la guerre réduirait à une caricature de girouette le président de la République, et le coût politique serait terrible pour lui dans une opinion française massivement hostile à l'aventure.

Chirac s'en sort en plaidant la nécessité de donner aux inspecteurs du temps et en affirmant que l'heure du choix n'est pas encore venue. Mais lesdits inspecteurs ne sont à Bagdad que par la volonté des armes américaines, i