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Libération
Éditorial

Arsenal de persuasion

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publié le 6 février 2003 à 22h08

La longue démonstration de Powell n'aura convaincu que ceux qui l'étaient déjà, non pas parce qu'elle manquait de matière, mais parce qu'entre la plus grande vraisemblance et une preuve il y a encore tout le champ de l'intime conviction. Autant dire que, dans le contexte de ce discours, l'opportunité politique tient lieu de conscience et reste le critère selon lequel chacun jugera. Si Powell a été crédible en assurant que Saddam cachait quelque chose, il a aussi montré qu'il n'était pas utopique de le démasquer en misant sur un renforcement des inspections. A l'automne dernier, en obligeant les Etats-Unis à reconnaître la légitimité d'un recours à l'ONU, la diplomatie française a remporté un succès non négligeable que souligne à nouveau la session du Conseil de sécurité. Tout l'arsenal de persuasion déployé par Powell est un hommage indirect rendu à l'instance internationale. Or, on sait que celle-ci suscite de nombreuses réticences aux Etats-Unis, surtout dans les milieux conservateurs qui occupent la Maison Blanche. Même si les Etats-Unis devaient finir par passer aux actes sans un blanc-seing de l'ONU, ils ne le feront qu'après avoir admis que leur unilatéralisme n'est un choix que par défaut. La question est désormais de savoir si les Etats-Unis peuvent obtenir rapidement (peut-être d'ici à la fin du mois) un feu vert. Pourront-ils brusquer les choses ? Cela dépend de la pression et de la séduction qu'ils pourront exercer sur les membres du Conseil. Les Français semblent