Que les poissons pilotes de la mouvance sectaire nagent dans les eaux pas toujours limpides des psys, quoi de plus naturel ? Par définition, les gourous chassent leurs convertis chez ceux qui sont assez déstabilisés pour se prendre à leurs mirages. Et le malaise de ceux-ci peut aussi les pousser vers le cabinet d'un thérapeute. D'une façon générale, pour les sergents recruteurs des sectes, toute faiblesse est bonne à prendre, qu'elle se manifeste sous des formes aussi différentes que, par exemple, la toxicomanie ou l'échec scolaire.
Mais l'heure n'est plus, ou n'est plus seulement, aux parodies d'église. Le phénomène sectaire semble à son tour frappé par le même phénomène d'atomisation qui atteint les membres des sociétés postmodernes et les porte parfois à des conduites de fuite. La dérive sectaire peut exister en microsociété. La seule chose qui semble indispensable, c'est un(e) gourou(e). Mais la déconvenue ou l'asservissement qui attendent l'adepte ne diminuent pas à proportion de la taille du cocon.
La psychiatrie officielle porte quelque responsabilité dans cet état de fait. Parente pauvre de la santé publique, elle peine à prendre en charge les urgences et les pathologies les plus lourdes. Le malaise diffus, où certains analystes lisent une nouvelle structure subjective, est renvoyé ailleurs. Il faut ajouter que la psychiatrie moderne, forte de l'efficacité de sa pharmacopée, refuse parfois de voir plus loin que ses fioles ce qui ne la réconcilie pas avec une clientèl