Michel Monroy est psychiatre, auteur avec Anne Fournier de la Dérive sectaire (PUF, 1999). Il explique les mécanismes d'allégeance.
Comment expliquer le succès des groupes sectaires dans le secteur santé ?
Le succès des sectes s'inscrit dans les carences de notre organisation. En toile de fond, il y a le constat que la grande majorité d'entre nous a atteint un niveau de confort matériel. Dès lors, la demande se concentre sur le désir de développement personnel. Dans ce contexte, la psychologie connaît son heure de gloire. En même temps, la médecine scientifique fait l'objet d'une suspicion. Il y a eu la vache folle, les dangers effectifs de l'atome : les scientifiques apparaissent comme des gens inquiétants. Le paradoxe de ce scepticisme est qu'on se jette dans les médecines parallèles.
Avec quelles conséquences ?
On revient à l'holisme qu'on avait oublié avec la science : c'est l'idée d'une fusion du corps et de l'esprit. La psychologie devient une nouvelle frontière à conquérir. On constate aussi l'ouverture culturelle de nos sociétés à des pratiques ancestrales ou étrangères, naturelles ou orientales. Et un refus de la complexité du monde. D'où le recours à un «tout compris», à une vision du monde rassurante. Le corollaire de tout cela, c'est l'implication totale, la soumission. Le groupe sectaire devient une prothèse de système social.
Quelles sont les différences facilement repérables entre une thérapie authentique et une utilisation sectaire ?
Il faut d'abord distinguer deux