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Libération

Le président Poutine cultive l'ambiguïté

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Aujourd'hui à Paris, il partage la position française, tout en ménageant Washington.
publié le 10 février 2003 à 22h10

Le président Jacques Chirac accueille aujourd'hui à Paris son homologue russe Vladimir Poutine, l'un de ses grands alliés dans la crise irakienne, dont l'attitude n'est toutefois pas dénuée d'ambiguïtés. Verbalement, Moscou épouse sans réserve les positions de Paris, hostile, au moins pour le moment, à une action armée. Mais, sur le fond, le maître du Kremlin tient par-dessus tout à la nouvelle amitié avec Washington grâce à laquelle la Russie aurait, selon lui, retrouvé une partie de sa grandeur.

«Unité». Guère plus convaincu que Paris par les «preuves» avancées par le secrétaire d'Etat Colin Powell mercredi dernier à l'ONU, Moscou, fervent partisan du multilatéralisme, estime lui aussi qu'une guerre est encore évitable et qu'il faut pour cela donner davantage de moyens aux inspecteurs en désarmement. Sachant que le seul sujet qui fâche ­ le conflit en Tchétchénie où l'armée russe poursuit sa politique de terreur (1) ­ sera au mieux effleuré durant les entretiens, les deux chefs d'Etat ne devraient guère avoir de difficultés à trouver un langage commun et signer une déclaration stratégique commune.

Mais s'il s'agit d'affronter ouvertement Washington à l'ONU et de faire échouer une résolution autorisant le recours à la force, le soutien de Moscou risque d'être plus ténu. Le ministre russe des Affaires étrangères a déjà indiqué que son pays, l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, entendait bien éviter l'usage de son droit de veto «afin de préserver l'unité» au