«Si les Américains tiennent à y aller en tenant compte de leurs seules échéances, alors qu'ils y aillent tout seuls. On ne fait pas la guerre par impatience ou suspicion.» Pour Paris, l'affaire semble entendue. Convaincue que le risque en vaut la chandelle, la France assure qu'elle maintiendra son refus d'une intervention armée en Irak, «injustifiée en l'état des choses». Quant à la colère américaine, «elle ne doit pas émouvoir, la France est totalement tranquille», assure un très haut responsable français, sans toutefois se faire trop d'illusions sur la possibilité d'empêcher l'intervention militaire.
Fracture Orient-Occident. En déposant, hier, un veto aux demandes américaines de soutien de l'Otan (lire ci-contre), le gouvernement entendait donner la mesure de sa détermination. A en croire les responsables français, il ne s'agit ni d'«antiaméricanisme» ni d'une gesticulation préparant une inévitable reddition, mais bien de l'affrontement de «deux visions du monde». D'un côté, celle d'une superpuissance obsédée, depuis le 11 septembre, par la volonté d'«assurer sa sécurité» et qui prétend «gouverner le monde». De l'autre, celle d'une France qui revendique «une autre lecture» des menaces qui pèsent sur l'ordre mondial : l'humiliation supplémentaire que représenterait une attaque contre l'Irak pour des peuples qui accumulent frustrations et sentiments d'injustice ne ferait qu'aggraver la fracture entre Orient et Occident. Un recours à la force illégitime, en nourrissant le ter