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Libération
Interview

«Le risque le plus probable est celui d'un krach du dollar.»

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publié le 13 février 2003 à 22h13

Christian de Boissieu est professeur d'économie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et président-délégué du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre.

Peut-on espérer qu'une guerre rapide puisse relancer la machine économique ?

On est dans le brouillard total sur le coût de cette guerre. Une seule étude, celle de William Nordhaus, de l'université de Yale, donne une fourchette qui va de 60 milliards à 1600 milliards de dollars. Mais comment calculer le coût d'une guerre ? Comment évaluer le prix des vies humaines perdues ? En fait il y a beaucoup d'illusions sur ce sujet. Même si l'attente est coûteuse économiquement, il vaut mieux perdre encore deux mois à rechercher une issue pacifique à la crise.

On peut attendre deux effets contradictoires de la guerre. Le premier est une relance économique par le biais de la dépense militaire et le creusement du déficit public des Etats-Unis. On pense classiquement à l'Amérique entrant en guerre après Pearl Harbor et sortant ainsi de la crise de 1929. Ou encore à l'effet de la guerre du Vietnam. Mais le résultat a surtout été beaucoup d'inflation et de déficit, ce qui a fait mourir les accords de Bretton Woods. Le deuxième effet est inverse. C'est le scénario de la guerre du Koweït (1990-1991) : la flambée du prix du pétrole qui avait précédé la victoire des Alliés avait eu un impact très négatif sur la confiance des ménages. Pour les entreprises, le renchérissement des coûts avait laminé leurs marges, amenant une récessi