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Libération
Éditorial

Implosion

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publié le 14 février 2003 à 22h15

Les Nations unies connaissent aujourd'hui «la mère de toutes les batailles» diplomatiques, pour emprunter une métaphore chère à Saddam Hussein. L'épreuve de force entre ceux qui, regroupés derrière les Etats-Unis, veulent entraîner l'ONU dans une guerre pour désarmer l'Irak et ceux qui, avec la France, espèrent encore y parvenir sans avoir recours à la guerre risque hélas de n'avoir qu'un seul vainqueur : Saddam lui-même. Avec une détermination qui confine à l'arrogance, George W. Bush veut imposer l'offensive, qu'il a seul décidée, contre les réticences de certains de ses alliés et d'une majorité des nations du globe. ce bras de fer est en train de transformer la question irakienne en une crise dont l'enjeu dépasse le sort de Saddam. L'ensemble des organisations qui ont présidé (avec plus ou moins d'efficacité) à la régulation des relations internationales depuis la Seconde Guerre mondiale ­ de l'Union européenne aux Nations unies en passant par l'Otan ­ est menacé d'implosion.

Bush semble n'en avoir cure. L'unilatéralisme lui convient, si le multilatéralisme ne sert pas sa politique. Il se dit prêt à ignorer la «coalition antiguerre» qui va de la Chine au Mexique en passant par l'Inde, la Russie, l'Allemagne, la France, le Brésil et d'autres... Il assume le risque d'une fracture dans le camp des démocraties, de déstabiliser le système multilatéral qu'est l'ONU et d'attiser la vague montante de l'antiaméricanisme. En plus des dangers inhérents à l'invasion et à l'occupation