Bruxelles correspondance
«La France, l'Allemagne et... la quoi ?», demande un George W. Bush croqué par Le Kroll dans le quotidien belge le Soir au lendemain du veto de Bruxelles à l'Otan. «La Belgique, Président», lui souffle son secrétaire d'Etat, Colin Powell. «P'tain, qu'est-ce que c'est compliqué l'Europe», conclut le président américain affublé de santiags et d'un chapeau de cow-boy. Sur le côté, un minuscule ministre des Affaires étrangères belge, Louis Michel, avertit : «Et attention, on a des écolos... (au gouvernement).»
La première puissance du monde peut bien les ignorer, les Belges assument avec fierté leur opposition à une intervention américaine unilatérale en Irak. La population, les médias et la quasi-totalité de la classe politique s'accordent pour privilégier tous les moyens de pression diplomatiques qui permettent d'éviter le recours à la force.
Distance. Le plus surprenant n'est pas tant l'hostilité des Belges à la guerre que la soudaine prise de distance du gouvernement à l'égard des Etats-Unis. Paul Goosens, chef du service étranger de l'agence de presse Belga, reconnaît son étonnement : «Les ministres des Affaires étrangères ont toujours été très atlantistes et très humbles vis-à-vis des Etats-Unis. L'allégeance à l'égard de l'Amérique en matière de diplomatie, c'est presque une règle ici.»
Pourquoi ce revirement ? Les maladresses de Bush et de son administration y sont pour beaucoup. Les propos du secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld, sur l