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Libération

En Espagne, Aznar coupé de l'opinion et lâché par ses alliés

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Son intransigeance le met aussi dans une position délicate vis-à-vis de Paris et Berlin.
publié le 15 février 2003 à 22h16

Madrid de notre correspondant

Dans un pays peu enclin aux débats de société, l'engagement proaméricain du chef du gouvernement José Maria Aznar provoque non seulement une belle pagaille politique, mais aussi une mobilisation citoyenne inédite. Alors que l'ensemble du spectre politique espagnol s'oppose à l'option belliqueuse du gouvernement ­ hormis le Parti populaire (PP, conservateur) d'Aznar ­, beaucoup sont sortis de leur réserve habituelle. Cette semaine, les grands noms du cinéma national (Pedro Almodovar, Javier Bardem...) se sont invités en force au Parlement, arborant des T-shirts «No a la guerra», ou sont allés crier leur indignation dans un théâtre madrilène. Dans la foulée, une quarantaine de recteurs d'université et la majorité du Conseil de la magistrature ont signé un manifeste anti-Bush ; au total, quelque 200 organisations ont appelé à participer aux manifestations de samedi dans 57 villes espagnoles. Hormis ceux qui sont inféodés au gouvernement, comme la télévision publique, TVE, les médias tirent à boulets rouges contre le «suivisme proaméricain» de Madrid. En réaction, le gouvernement vient de lancer une campagne de propagande musclée, en distribuant par exemple des brochures sur les mérites d'une «offensive pour la sécurité dans le monde», ou en diffusant en prime time sur TVE une émission sur les dangers du bioterrorisme...

Malaise. Le pacifisme de l'opinion publique ­ entre 80 et 90 % d'opposants à la guerre, selon les sondages ­ n'est pas chose nouvell