On attendait un bras de fer, ce fut l'amorce d'un compromis. La réunion vendredi du Conseil de sécurité n'a rien eu de définitif: les inspecteurs ont parlé de progrès et estimé possible un désarmement réel de l'Irak, pour peu que la pression demeure. Dans une leçon très gaullienne applaudie par l'assemblée, Dominique de Villepin a expliqué à un Colin Powell sur la défensive que la mission des inspecteurs n'était pas arrivée à son terme, qu'il leur fallait un délai supplémentaire d'un mois. Le secrétaire d'Etat américain n'a pas dit non, se contentant de dire qu'il faudrait bien à un moment ou à un autre parler des choses sérieuses. Bref, la tension entre alliés a baissé d'un cran, et tout paraît encore possible. Y compris la guerre. Mais, même s'il le doit paradoxalement à la menace de l'armada américaine, le camp de la paix a gagné du temps et marqué un point. Les manifestations plus ou moins importantes qui vont se dérouler pendant le week-end aux Etats-Unis et en Europe accentueront l'avantage. La guerre, telle que voulue jusqu'ici par l'équipe de Bush, est de plus en plus injustifiable. D'abord, parce qu'elle serait prématurée. Ensuite, parce qu'elle accréditerait jusqu'à la caricature la réalité d'une superpuissance unique, décidant seule de l'axe du mal et de l'axe du bien, affaiblissant les organisations internationales, dictant sa loi belliciste et ses oracles messianiques. Parce qu'elle exacerberait un peu plus le fossé des civilisations, encourageant les fanatismes
Éditorial
Gaullien
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publié le 15 février 2003 à 22h16
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