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Libération
Éditorial

Dessein

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publié le 18 février 2003 à 22h20

Pour son opposition à la logique de guerre préventive américaine, Jacques Chirac s'est retrouvé à la tête d'un capital international avantageux. Inespéré ou abusif, là est moins la question que de savoir comment un tel capital va être réinvesti. Même si, bien sûr, la «partie» autour de l'Irak est loin d'être finie. Ou bien le président de la République cherche à entretenir cette posture gaullienne d'un dirigeant habile à peser sur les affaires du monde, bien au-delà de la modeste puissance nationale qu'il représente. Ou bien il met au pot européen l'autorité acquise pour servir une autre ambition, collective celle-là. L'alternative n'est peut-être pas aussi tranchée tant que le sort de la paix semble se jouer au Conseil de sécurité de l'ONU où la France dispose d'un droit de veto, mais elle est inévitable au regard de ses devoirs européens. Pour un Président que l'on dit préoccupé maintenant de laisser à la postérité une trace, il y a sans doute plus à espérer de ce côté-ci de l'Atlantique. Les circonstances européennes ne sont pas si défavorables, comme l'a montré le sommet sur l'Irak d'hier soir. L'émergence d'une opinion européenne face à la guerre prouve que la conscience d'un destin commun est plus forte parmi les peuples que chez certains de leurs dirigeants. Cette volonté de faire prévaloir l'accord sur le désaccord a marqué la réunion de Bruxelles. Signe peut-être qu'il y a un champ favorable à une utile pédagogie, surtout vis-à-vis des nouveaux adhérents de l'élargi