L'Afrique, plus exactement le rôle de la France en Afrique, présente un dilemme redoutable à tout gouvernement français. L'ex-puissance coloniale peut-elle s'y impliquer sans s'exposer d'emblée à l'accusation de paternalisme et de visées néocoloniales ? Doit-elle se désengager d'un continent voisin, déchiré par des conflits sanglants, dévasté par les pandémies et miné par la misère, au risque d'encourir le reproche justifié de non-assistance à peuples en danger ? La grand-messe qui réunit aujourd'hui à Paris les chefs d'Etat ou de gouvernement africains montre qu'il n'est pas de réponse simple à la question.
La crise ivoirienne l'a rappelé crûment. L'intervention de l'armée française y était nécessaire, et rendue indispensable, comme l'a reconnu le président sud-africain Mbeki, par l'échec des Africains eux-mêmes à éviter le pire. Cette crise est le fruit de près d'une décennie de «désengagement», durant laquelle on a laissé se décomposer un pays doté des meilleurs atouts pour réussir. L'échec de l'intervention n'y est pas encore consommé, mais le succès de la paix est très loin d'être acquis, comme le montrent le refus du président Gbagbo de venir à Paris et ses réticences à appliquer l'accord de Marcoussis.
Le désengagement abandonne à leur sort des Etats fragiles, facilement déstabilisés par des rivalités politiques, personnelles ou tribales. Mais un retour à la «Françafrique» impliquerait l'appui aux dictatures corrompues de «vieux crocodiles» qui survivent depuis des déce