Propagande et censure, soeurs jumelles, vont à la guerre de bon coeur. C'est même en partie pour faire la guerre qu'on les a inventées. Le précédent conflit irakien a rudement bousculé la crédibilité des médias (pluriel vague et toujours incriminateur). Pourtant, ce qu'on pouvait leur reprocher, c'était bien moins une distorsion ou une dissimulation des faits qu'un remplissage plus répétitif que malintentionné. Mais c'est un fait : le mythe des grands méchants médias ne demande qu'à se déclencher au premier coup de feu et même un peu avant. Corporativement parlant, cela peut être salubre, en accroissant l'exigence de véracité qu'on est en droit d'attendre de la presse.
A cet égard, l'attitude presque caricaturale du trust médiatique international de Murdoch qui a fait adopter à ses innombrables journaux, télés ou radios une ligne très va-t-en-guerre ne facilite pas la tâche des autres journalistes, surtout s'ils soutiennent la politique de Bush. Pourtant, la tonalité proguerre de la majorité des médias américains n'est journalistiquement ni plus ni moins critiquable que l'attitude généralement antiguerre des organes de presse français. Et aux Etats-Unis mêmes, notamment dans la presse «provinciale» de l'Amérique profonde, il ne manque pas de voix discordantes.
Le comportement des journalistes et la manière dont ils honorent ou pas leurs réquisits déontologiques sont une chose, la manipulation dont ils peuvent être la cible en est une autre. Pour les stratèges, l'image qu'i