Washington de notre correspondant
La pire, c'est la Fox News. Tous les jours, ses journalistes instillent leurs convictions bellicistes et leur mépris pour ceux qui se mettent en travers de ce projet. La guerre est le sujet quasi unique du network d'information continue de Murdoch, et sa mise en scène est gratinée. De temps en temps, on entend des «Wizzzz» ou des «Woooch», bruitages qui annoncent l'arrivée des breaking news («dernière heure»). Autre chaîne d'information continue, MSNBC tente de rivaliser dans le registre patriotico-spectaculaire. Elle a incrusté sur l'écran le niveau d'alerte sur les risques terroristes (actuellement : orange) comme on plante un drapeau sur une plage dangereuse.
Sans recul. A côté de ces deux-là, CNN, vétéran de l'information et filiale d'AOL-Time Warner, fait presque figure de modérée. Mais ses journalistes parlent, eux aussi, de «nos troupes» et participent à la même dramatisation de la crise. L'impression qui se dégage souvent, en zappant de l'une à l'autre, c'est de regarder une seule chaîne : la «Bush TV». Les experts interrogés sont rarement opposés à la guerre contre l'Irak. Les discours officiels, les conférences de presse quotidiennes, sont retransmis en direct, sans aucun recul. «L'impression de regarder Bush TV vient du fait que l'information accessible est très limitée. Les journalistes n'ont pas les réponses que le public aimerait avoir sur l'Irak. C'est la CIA (services de renseignements) qui les a», analyse Robert Thompson, dire