Les Nations unies ont souvent eu un rôle ingrat, puisque, la grande histoire se faisant ailleurs que dans leurs murs, il ne leur revenait guère que d'en gérer les retombées et les impasses. Tenu en lisières par les grandes puissances, le «machin», comme disait De Gaulle, en était réduit à envoyer ses casques bleus monter interminablement la garde entre des belligérants, participant ainsi de l'absence de solution. Le temps est en effet la principale et peut-être la seule richesse de l'ONU. En la pressant d'agir, les Etats-Unis n'ignorent pas qu'ils la touchent à son point sensible : son incapacité foncière à trouver des solutions autres que dilatoires.
Il ne manque pas, dans les milieux influents de Washington, de partisans d'une action militaire qui, menée sans l'ONU, ferait coup double en marginalisant cette dernière, tout en en finissant avec Saddam. Pour le moment, comme le montrent les pressions activement exercées par Washington sur les membres du Conseil de sécurité qui pourraient leur donner une majorité, les Etats-Unis acceptent encore de jouer le jeu de la concertation institutionnalisée. Mais ils ont toujours affirmé qu'ils ne se sentiraient pas liés par une décision négative de l'ONU. Ce ne serait pas la première fois que l'ONU serait impuissante, mais ce serait la première fois qu'elle le serait officiellement, dans les formes, si l'on peut dire.
Dans la bataille en partie double qui oppose les Etats-Unis au front du refus emmené par la France, on se bat désormais