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Libération
Interview

Montrer que les guerres sont primaires et dépassées

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publié le 24 février 2003 à 22h34

Que vous inspire la crise actuelle ?

J'essaie de ne pas verser dans le cynisme et de garder espoir. Je suis un pacifiste qui pense que tout ne se résout pas par la guerre. Je n'ai aucune confiance dans les raisons qu'invoquent les Etats-Unis pour mener ce conflit. C'est une manipulation féroce. En même temps, le mouvement pacifiste mondial qui s'est constitué en quelques semaines est très encourageant. Cette mobilisation est un signe : la vraie crise est celle qui oppose les peuples à leurs gouvernements.

Le 11 septembre ne légitime-t-il pas la politique américaine ?

Je ne crois pas. A la suite des attentats, les Etats-Unis auraient dû faire leur autocritique. Qu'ils fassent la chasse aux terroristes est une attitude normale. Mais, jusqu'à présent, les relations qu'entretiennent Ben Laden et Saddam Hussein restent présupposées. Il y a un effet de glissement. Après Ben Laden, l'ennemi public numéro 1, c'est désormais Saddam Hussein. Pour beaucoup de pacifistes américains, le 11 septembre fut un retour de bâton. La politique étrangère américaine laisse beaucoup de gens sur le carreau. Et cela, on ne peut pas le quantifier.

Comment la France doit-elle se comporter ?

Chirac adopte une position louable. Ce n'est pas un homme que j'apprécie, mais il a préféré le dialogue aux armes. Je suis pour le veto de la France aux Nations unies. Il faut montrer que les guerres sont primaires et dépassées. Le pays a connu deux guerres mondiales avec ce que l'on a appelé un «ennemi héréditaire». Voi