Diyarbakir envoyé spécial
Ils sont tout au plus une centaine, pataugeant dans la neige boueuse, claquant des mains et scandant en turc «Non à la guerre !» à l'appel d'un syndicat de gauche de la fonction publique. Autour, le déploiement des forces de l'ordre est impressionnant : deux blindés légers et des policiers mitraillette au poing. «Ils sont prêts à charger au premier cri pour la liberté kurde», explique un étudiant de Diyarbakir, capitale du sud-est de la Turquie, peuplée en majorité de Kurdes.
Depuis le début de la crise irakienne, les contrôles se sont multipliés et chaque nuit les véhicules des forces spéciales de la police quadrillent de nouveau les rues défoncées de la ville. Officiellement, il y a 900 000 habitants à Diyarbakir, dont 70 % sans emploi. En fait, la population est deux fois plus nombreuse, à cause de l'afflux de villageois qui ne sont toujours pas retournés sur les terres qu'ils avaient dû fuir pendant les quinze ans de la «sale guerre» menée par l'armée turque contre les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui fit 36 000 victimes et 3 millions de déplacés entre 1984 et 1998.
«Nous n'aimons pas Saddam»
Attendue comme une libération par les Kurdes d'Irak, l'intervention américaine contre Bagdad inquiète au contraire leurs frères de Turquie qui craignent le retour des années noires. «Nous n'aimons pas Saddam, qui a tué au moins 100 000 Kurdes, sans parler de ses autres victimes. Mais nous espérons que la guerre en Irak n'aura pas