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Libération
Éditorial

Unanimité

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publié le 27 février 2003 à 22h41

Si le gouvernement le lui demandait, nul doute que l'Assemblée voterait avec une écrasante majorité en faveur de l'usage du droit de veto à l'ONU par la France, les voix de la gauche dépassant de loin les quelques dissidents qui auraient le culot de se manifester à droite. Il est difficile de trouver un précédent à une telle unanimité nationale, du moins au sujet d'une décision politique de première importance. En cela, la coupure souvent déplorée entre les Français et leur représentation politique semble s'être effacée, les débats du Palais-Bourbon ayant été les fidèles reflets de l'opinion publique.

Il est fort possible que Chirac ait souhaité un peu moins d'empressement dans l'approbation qu'a rencontrée sa politique. Comment imaginer qu'il ne fasse pas usage de ce fameux droit, du moins avant le délai de quatre mois qu'il a lui-même proposé ? Sinon, il s'exposerait à un soupçon d'incohérence grave et au choc en retour d'une opinion qui aurait matière à se croire abusée. Hier, tout le jeu de l'opposition a logiquement consisté à ligoter le gouvernement par les arguments mêmes qu'il utilise pour faire valoir sa position.

Certes, l'enthousiasme pour la paix peut cacher des marchandises moins appétissantes, par exemple un antiaméricanisme de principe qui déborde même les frontières du Parlement puisque Le Pen en est un des plus sonores thuriféraires. Certains ne sont pas non plus désolés de faire d'une pierre deux coups et de flinguer pour de nombreuses années toute sorte de p