Menu
Libération
Interview

«Ces racines religieuses font partie du patrimoine culturel»

Article réservé aux abonnés
publié le 28 février 2003 à 22h45

Dominique Wolton est directeur de recherches au CNRS et directeur de la revue Hermès. Il vient de publier l'Autre Mondialisation aux éditions Flammarion.

Pourquoi pareil débat aujourd'hui ?

Cette question de l'écriture du préambule de la Constitution est le révélateur de tout ce qu'on a laissé dans les placards de l'histoire de la construction européenne. L'Europe a commencé à juste titre par l'économie. Parler de culture, à l'époque, aurait provoqué des affrontements violents. Après Maastricht, on a commencé à s'intéresser à la politique. Mais quand vous vous interrogez sur les valeurs qui réunissent les peuples au sein d'une union politique, vous retombez sur les différences. L'Europe se caractérise à la fois par une immense diversité linguistique, culturelle, politique et des valeurs communes. Et ces valeurs sont quand même des choses fortes : les droits de l'homme, une certaine rationalité scientifique et technique, la démocratie. La religion en fait aussi partie. Les trois grandes religions européennes ­ christianisme, islam et judaïsme ­ sont des monothéismes. Cela étant, il est normal qu'il y ait débat. Je trouve même qu'il n'y a pas assez de discussion sur ce préambule.

N'assiste-t-on pas à une baisse de la religiosité en Europe ?

Les questions métaphysiques, la spiritualité, la religiosité me paraissent être plutôt devant nous que derrière. On sort d'un siècle de laïcisation. On en a vu les aspects positifs, mais aussi les limites. Au bout d'un moment, on tombe dans l'i