Dominique Wolton est directeur de recherches au CNRS et directeur de la revue Hermès. Il vient de publier l'Autre Mondialisation aux éditions Flammarion.
Pourquoi pareil débat aujourd'hui ?
Cette question de l'écriture du préambule de la Constitution est le révélateur de tout ce qu'on a laissé dans les placards de l'histoire de la construction européenne. L'Europe a commencé à juste titre par l'économie. Parler de culture, à l'époque, aurait provoqué des affrontements violents. Après Maastricht, on a commencé à s'intéresser à la politique. Mais quand vous vous interrogez sur les valeurs qui réunissent les peuples au sein d'une union politique, vous retombez sur les différences. L'Europe se caractérise à la fois par une immense diversité linguistique, culturelle, politique et des valeurs communes. Et ces valeurs sont quand même des choses fortes : les droits de l'homme, une certaine rationalité scientifique et technique, la démocratie. La religion en fait aussi partie. Les trois grandes religions européennes christianisme, islam et judaïsme sont des monothéismes. Cela étant, il est normal qu'il y ait débat. Je trouve même qu'il n'y a pas assez de discussion sur ce préambule.
N'assiste-t-on pas à une baisse de la religiosité en Europe ?
Les questions métaphysiques, la spiritualité, la religiosité me paraissent être plutôt devant nous que derrière. On sort d'un siècle de laïcisation. On en a vu les aspects positifs, mais aussi les limites. Au bout d'un moment, on tombe dans l'i