Louis Michel est ministre des Affaires étrangères de Belgique. Depuis le début de la crise irakienne, ce pays a soutenu la position française, au risque de déplaire à Washington dont il est traditionnellement proche.
La seconde guerre du Golfe est-elle inévitable ?
Je suis persuadé que l'on peut désarmer l'Irak à moindres frais. Il suffit de donner un peu plus de temps aux inspecteurs. Mais il faut aussi être clair sur le message que l'on adresse à l'Irak qui doit être : si la résolution 1441 est respectée, il n'y aura pas d'affrontement. Le problème est que l'on ne lui dit pas que, s'il se plie aux exigences de la communauté internationale, il n'y aura pas d'attaque. Cette affaire ressemble manifestement à un piège.
Autrement dit, Saddam Hussein n'a peut-être pas intérêt à désarmer s'il veut pouvoir se défendre ?
Saddam Hussein doit désarmer afin de rendre toute attaque injustifiée. Mais on veut tellement faire pression sur lui qu'on ne lui dit pas ce qui se passera s'il désarme. Certains pays, au-delà du désarmement, veulent manifestement un changement de régime. Il y a là un double langage qui nuit à l'objectif que s'est fixé la 1441. Si on pouvait rétablir le lien entre la coopération active et la paix, je crois que l'on aurait de bonnes chances d'éviter la guerre.
Si les Anglo-Américains n'étaient pas entrés dans une logique de guerre, est-ce que Saddam Hussein aurait jamais accepté de désarmer ?
Je n'ai jamais dit que la présence de troupes dans la région ne jouait aucun rôl