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Libération
Reportage

La retraite d'Irak des «boucliers» pacifistes

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Ils ont quitté un site, le jugeant trop dangereux.
publié le 4 mars 2003 à 21h45

Bagdad envoyé spécial

En cas de bombardements, ce sera la centrale thermique la plus exposée de la capitale irakienne. La Compagnie électrique de Bagdad-Sud alimente une grande partie de la ville en électricité et se dresse tout à côté d'un large pont sur le Tigre et d'une caserne de la Garde républicaine (les forces d'élite de Saddam Hussein). «En février 1991, rappelle son directeur, Hassan Rafic Oubaïdi, trois bombes l'ont touchée. Elle a été détruite à 80 %. Aujourd'hui encore, elle ne fonctionne qu'à 50 % de ses capacités.» A cette époque, centrales, stations d'épuration et centraux téléphoniques furent parmi les cibles des attaques américaines, ce qui valut à Bagdad d'être privé pendant de longs mois d'électricité, d'eau courante et de téléphone. C'est pour éviter la répétition de ces «crimes de guerre», que l'association Human Shields («Boucliers humains») avait dispersé ses militants sur les sites les plus menacés, à commencer par cette centrale. Mais aujourd'hui, une partie des Boucliers humains ­ qui seraient quelque 200 ­ a déchanté. Certains ont même commencé à abandonner leurs postes.

Don Quichotte et Rossinante. Il y a tout juste huit jours, l'installation à la centrale de 15 volontaires s'était faite en fanfare. Pour qu'ils puissent y séjourner, la salle de réception avait été transformée en dortoir. Sous un grand portrait de Saddam Hussein en uniforme de maréchal, Karl Dallas, 72 ans, poète et musicien anglais, avait sorti sa guitare et entonné l'hymne des Bouc