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Libération
Interview

Un veto, ce serait un engagement concret

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publié le 4 mars 2003 à 21h46

Que vous inspire la guerre qui se dessine contre l'Irak ?

Tout ça paraît mal parti. On voit mal les Américains laisser tomber. En même temps, tous ces mouvements pacifistes sont remarquables. Est-ce que cela aura une incidence sur la politique des Etats ? J'ose espérer que la rue a encore le droit à la parole. J'ai l'impression que nous vivons dans un livre de science-fiction.

La position de la France et de l'Allemagne vous semble-t-elle la meilleure ?

Ça fait mal de le dire, mais Chirac tient une position courageuse. En plus il est d'accord avec les Allemands, les ennemis héréditaires, ce qui est plutôt encourageant. J'espère qu'il tiendra sur cette position jusqu'au bout. On peut rêver : une vieille Europe qui refuserait d'entrer dans une logique de guerre. Un veto à l'ONU, ce serait un engagement concret, mais je ne sais pas si cela suffirait à empêcher la guerre. Le nerf de ce conflit, c'est l'argent et les Américains essaient de négocier avec les pays économiquement plus faibles pour obtenir des soutiens.

Trouvez-vous légitime que les Etats-Unis se lancent dans une telle guerre ?

Ils avaient sans doute prévu depuis longtemps de s'occuper de ce pays, et le 11 septembre a été un prétexte. Sont-ils prêts à assumer toutes les conséquences de cette guerre ? Si l'on s'occupe de tous les dictateurs, on recommence depuis le début. On reprend l'arbre généalogique à la racine. Nous sommes dans un monde à la Orwell. On va faire la guerre en se servant de prétextes qu'on utilise dans le