Plus que de coups de couteau ou de faits divers sanglants, les profs de collège, de lycée, à Paris, en banlieue, en province parlent de violence insidieuse, d'ambiance crispée, de réflexions sexistes, de la tension permanente dans laquelle ils vivent, et surtout de non-dialogue et d'indifférence de la part des élèves. Quelques profs expliquent, non pas pourquoi il y a de la violence à l'école, mais de quelle nature elle est et comment ils la vivent.
«Des propos sexistes»
Une professeure d'histoire au lycée Romain-Rolland de Goussainville (Val-d'Oise), lycée classé ZEP depuis trois ans.
«Il m'est arrivé, comme à d'autres de mes collègues, d'être dérangée pendant mes cours, par des individus qui hurlent dans les couloirs et donnent des coups de pied violents contre les portes des salles de classe. Mais j'ai surtout été victime de propos sexistes et insultants à travers le hublot de la porte, alors que je faisais cours à une trentaine d'élèves. En général, cela commence par des propos tels que : "T'es bonne, t'as un beau cul, je vais te la mettre..." Ce n'est jamais un seul individu, mais toujours quatre ou cinq.
«A deux reprises, les propos sont allés plus loin, et s'adressaient directement à des garçons de mon cours. Je cite : "Vas y, mets-lui ta pine dans le cul, elle est bonne, prends-la sur le bureau, enlève-lui son string..." Les élèves concernés étaient très gênés, d'autant que j'ai la certitude qu'ils n'étaient pas complices mais simplement victimes d'individus qu'ils connaisse