Juridiquement ils exagèrent, professionnellement ils sont limites, mais humainement il est difficile de ne pas être compréhensif à l'égard de ces enseignants qui invoquent le «droit de retrait» pour cesser un travail où leur intégrité physique et morale paraît en danger. Les récits que nous publions disent assez bien la réalité d'établissements où les conditions minimales d'exercice du service public de l'enseignement ne sont plus réunies. Certes, il convient de mesurer à ses justes proportions le phénomène : globalement, les violences scolaires ont cessé de croître, et seule une infime minorité d'établissements est vouée à des troubles permanents et graves. Mais ce sont précisément ces lieux qui, en apparaissant comme autant de «territoires perdus» de l'école républicaine, mettent à mal son principe fondamental qui est l'égalité des chances. Car les personnages muets de ces situations extrêmes, c'est la grande masse des élèves, paralysée par la loi des plus violents, abandonnée un temps par des enseignants qui semblent faire prévaloir leur propre sort sur le leur. Le «droit de retrait», c'est un peu une grève contre les élèves, même si, bien sûr, c'est l'administration qui est sommée de donner les moyens nécessaires à une sécurisation de l'enseignement. Que des enseignants choisissent une telle transgression, c'est bien évidemment que les procédures revendicatives traditionnelles sont devenues caduques. Comme s'il fallait passer à une sorte de violence supérieure, symboliqu
Éditorial
Illusion brisée
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publié le 7 mars 2003 à 21h52
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