George W. Bush n'a sans doute jamais entendu parler du roi Pyrrhus, qui, fort de la supériorité militaire que lui conféraient ses éléphants de guerre, envahit la péninsule italienne et y vainquit Rome à deux reprises. Mais le coût humain, financier et politique de l'invasion s'avéra à terme au-dessus des forces de son royaume. Ses victoires eurent pour ultime conséquence sa déroute...
Contrairement à ce qu'on croit en France, le débat sur la guerre en Irak est bien plus intense aux Etats-Unis qu'il ne l'est en Europe, où antiaméricanisme, traditions pacifistes, sympathies propalestiniennes et refus de l'hégémonisme américain se mêlent en un quasi-unanimisme contre la guerre.
Certes, les réflexes «patriotiques» et les peurs nées du 11 septembre, exploités par une administration que relaie la surenchère médiatique, font qu'une majorité d'Américains accepte que le recours à la force puisse être justifié. Mais seule une minorité pense qu'il est sage pour l'Amérique de partir en guerre sans l'ONU. Les voix qui critiquent la fuite en avant de Bush se font entendre de plus en plus fort.
Elles se souviennent que les Etats-Unis montèrent de toutes pièces l'«incident du golfe du Tonkin» pour justifier une offensive contre le Nord-Vietnam communiste. Qu'ils le firent contre l'ONU, contre les mises en garde de la France, avec la certitude (justifiée) d'avoir les moyens militaires d'écraser leurs adversaires et la conviction d'oeuvrer pour le bien de l'humanité, menacée par le communisme. Q