New York de notre correspondant
Tout a commencé par un carton d'invitation des plus officiel qui proposait à Sam Hamill de se rendre à une réception organisée le 12 février à la Maison Blanche par Laura Bush, et intitulée «la Voix poétique de l'Amérique». Sur le coup, le poète, fondateur de la prestigieuse maison d'édition Cooper Canyon Press, à Port Townsend (Etat de Washington), n'en a pas cru ses yeux. Lui, pacifiste de la première heure, qui s'était présenté au Congrès de Californie pendant la guerre du Vietnam sur un programme antiguerre, se voyait sollicité par la «First Lady» d'un président sur le point d'envahir l'Irak.
Dans un e-mail où il disait «avoir la nausée» d'être parmi la liste des invités à Washington, Hamill demanda à tous ses amis poètes de rédiger des textes antiguerre qui seraient ensuite postés sur un site web et qu'il se proposait de présenter à Laura Bush. Quelques jours plus tard, la First Lady décidait d'annuler sa réunion sur la poésie. «Il n'est pas approprié de transformer un événement littéraire en forum politique», selon une porte-parole.
10 000 contributions. Depuis l'«affaire», répercutée dans toute la presse américaine, Sam Hamill, 59 ans, est devenu le chef de file attitré d'un mouvement des «poètes contre la guerre». Son site web (1) compte plus de 10 000 contributions. On y retrouve les plus grands noms de la poésie américaine, du prix Pulitzer W.S. Merwin à Philip Levine ou encore Grace Paley, comme des poètes amateurs, qui ont pris leurs