Entre la volonté affichée de contraindre les Etats-Unis de passer par l'ONU, et l'opposition irréductible à une aventure guerrière en Irak, la position française a évolué au cours des derniers mois. Il faut dire qu'elle reposait à l'origine sur deux paris risqués : une coopération de Saddam Hussein avec les inspecteurs de l'ONU, indispensable pour crédibiliser l'idée d'un désarmement pacifique, et un soutien international, particulièrement celui du Conseil de sécurité. Ces paris plus ou moins réussis, la France a poursuivi sa logique jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à l'affrontement avec les Etats-Unis.
Flou. «Je suis tout à fait contre l'unilatéralisme dans le monde moderne. (...) Si une action militaire doit être engagée, elle doit l'être sous la responsabilité de la communauté internationale» : le 9 septembre dans le New York Times, le président Jacques Chirac ébauche la stratégie française. L'enjeu est clair : ramener les Etats-Unis dans l'enceinte onusienne et faire ainsi prévaloir la vision multipolaire du monde défendue par Paris, mais aussi par Moscou et Pékin. Le reste demeure flou, notamment le degré de détermination française. Interrogé sur la possibilité d'approuver une intervention militaire, Chirac réplique : «Rien n'est impossible».
Dans les semaines qui suivent l'adoption, le 8 novembre, de la résolution 1441, la France surfe sur son succès : elle a réussi à faire plier les Américains, au moins provisoirement. Elle entretient le mystère sur ses intentions, rép