Londres de notre correspondant
En agitant son veto, Jacques Chirac a affaibli encore davantage Tony Blair. En conflit croissant avec son opinion et son parti, lâché par l'une de ses ministres les plus populaires, le Premier ministre britannique paraît plus isolé que jamais. Alors que son allié américain montre des signes de lassitude, il se dit toujours déterminé à obtenir le vote d'une nouvelle résolution sur l'Irak. Son acharnement est à la mesure du danger qu'il court. «Mon inquiétude est que si les pays parlent d'invoquer leur veto en toute circonstance, le message envoyé à Saddam est : vous êtes tiré d'affaire», a-t-il lancé hier.
Réquisitoire. La veille, il avait affirmé qu'il travaillait «d'arrache-pied» pour rassembler les neuf voix sur quinze nécessaires à l'adoption par le Conseil de sécurité d'un texte fixant un ultimatum à l'Irak. Mais l'homme semble ballotté par les événements. Dimanche soir, il a eu la surprise d'entendre sur la BBC sa ministre du Développement international, Clare Short, annoncer sa démission au cas où son pays entrerait en guerre sans mandat de l'ONU. Cette femme au franc-parler qui fait figure de caution de gauche au sein du cabinet s'est livrée à un véritable réquisitoire contre son patron, jugeant son attitude «dangereuse pour le monde», pour le gouvernement, mais aussi pour son propre «avenir [...] et sa place dans l'Histoire».
Le simple fait que l'impertinente n'ait pas été immédiatement sanctionnée prouve la faiblesse actuelle du Premier m