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Libération
Éditorial

Front intérieur

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publié le 12 mars 2003 à 21h59

Il est des succès qui peuvent dissimuler les défaites de demain. Rose de bonheur devant l'assentiment que lui consent aujourd'hui une majorité de terriens pour son rôle de soldat de la paix, Jacques Chirac en néglige le théâtre d'opérations intérieur, laissé avec l'intendance aux bons soins de son Premier ministre. Mais il risque de s'y retrouver bientôt convoqué, tant est en train de se reconstituer, en dépit de ses prévenances, le front qui l'a défait voici huit années avec l'ami Juppé. Les fonctionnaires, éternels cauchemars de la droite, sont de nouveau mobilisés. Mécontents d'être pris pour cible par le gouvernement, qu'une rigueur dont il ne veut pas dire le nom oblige à sabrer dans les dépenses de fonctionnement de l'Etat. Leur exaspération a grandi plus vite que l'on désarme sur les rives de l'Euphrate et du Tigre réunis. Retraite, salaires, emplois, décentralisation, ils ont désormais quatre sujets de grogne. C'est beaucoup. Trop pour la bonne santé d'un Premier ministre qui semble ballotté par la conjoncture depuis quelques semaines. Les fonctionnaires se savaient à raison visés au premier chef par la réforme des retraites, dont Raffarin avait fait l'emblème de sa volonté réformatrice. Voilà qu'en sus la conjoncture les prive de toute perspective de revalorisation de salaire. Pas question d'augmentation quand le déficit explose et que Bruxelles siffle le hors-jeu. Quant à l'emploi, il est aussi touché. Parce que l'Etat se paupérise, il ne peut espérer limiter ses d