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Libération
Éditorial

Morale

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publié le 12 mars 2003 à 22h01

Toute l'affaire irakienne, a-t-on dit, a une forte odeur de pétrole. Ce serait pourtant une erreur de faire de la précieuse ressource du sous-sol irakien la principale explication de la politique américaine. Celle-ci est à la fois beaucoup plus globale et plus erratique. Un cynisme marchand ordinaire peut d'ailleurs s'accommoder de Saddam Hussein. Le pétrole fera peut-être partie des éventuels bénéfices de la guerre pour ceux qui la mèneront, ce n'est pas pour le moment décisif. L'influence d'un conflit sur le prix du pétrole est autrement inquiétante.

De façon très injuste, les principaux va-t-en-guerre, Etats-Unis et Grande-Bretagne, sont moins pénalisés par des cours élevés que les Européens continentaux et les pays asiatiques. D'un strict point de vue économique, l'Allemagne et la France, avec leurs déjà médiocres perspectives de croissance, auraient intérêt à un conflit rapide plutôt qu'à la temporisation que vise leur politique. Et si les choses dérapent ou s'enlisent, ce qui reste possible, tout le monde souffrira, mais certains souffriront plus que d'autres. Comme toujours, les pays les plus pauvres seront aussi les plus secoués.

On imagine que cela, simple dégât collatéral parmi d'autres, n'entre pas dans les calculs qui président à la stratégie guerrière. Si les Etats-Unis se sont montrés hier plus imperturbables que jamais, les Britanniques donnent des signes de nervosité, car Blair a autrement besoin que Bush d'une caution de l'ONU, même vague. Le Premier ministre