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Libération
Éditorial

Crédibilité

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publié le 13 mars 2003 à 22h02

Les Nations unies donnent l'image d'un théâtre d'ombres où des diplomates s'affrontent à coups (fourrés) de rumeurs, désinformations et négociations. Doit-on donner à Saddam Hussein 45 jours avant de lui déclarer la guerre, comme le proposent six membres non permanents du Conseil de sécurité ? Ou 21 jours, comme le suggère le Canada ? Ou pas plus de 7, comme le veut la Grande-Bretagne ? Doit-on refuser, comme la France, de fixer un terme précis et inflexible au désarmement de l'Irak ? Quelle qu'en soit l'issue, l'ONU sortira décrédibilisée de la bagarre. Les pressions anglo-américaines peuvent aboutir au vote d'une résolution conforme à la volonté guerrière de Bush. Mais celle -ci sera entachée du soupçon de corruption et de diktat aux yeux de la majorité des pays et peuples du monde, et sera bloquée par la France et la Russie. Si Washington et Londres échouent à trouver une majorité de complaisance, ils ont fait savoir qu'ils feraient la guerre quoi qu'il arrive, ignorant une organisation convaincue à leurs yeux d'impuissance congénitale. L'ONU joue son avenir à pile je gagne, face tu perds. Doit-elle accepter une décrédibilisation fatale, en se faisant l'intendance de l'hégémonie américaine ? Ou lui faut-il parier sur une décrédibilisation provisoire, car les Etats-Unis auront besoin d'elle à l'avenir ? Pour préserver ses chances de devenir un jour l'instance suprême de la coopération internationale pour la paix et la sécurité, ses membres doivent aujourd'hui trouver le co