Menu
Libération
Éditorial

Désordre

Article réservé aux abonnés
publié le 14 mars 2003 à 22h05

Existe-t-il encore une chance d'éviter que l'ONU ne subisse une fracture gravissime sous le choc de la crise irakienne ? La réponse est hélas sans doute négative. Washington, Londres et Paris protestent de leur volonté de laisser une chance à la diplomatie, et assurent qu'ils s'évertuent à sauver l'unité du Conseil de sécurité. Mais on est déjà dans le temps des accusations mutuelles. Et chacun d'expliquer comment un désaccord entre alliés sur la manière de désarmer Saddam Hussein a pu dégénérer en conflit diplomatique majeur et menacer de briser un organe essentiel de la gouvernance et de l'ordre internationaux.

Londres accuse Paris d'obstruction «inouïe et déraisonnable». En privé, Paris dénonce la «rhétorique de la force» de Washington. Washington accuse Paris de «s'être aligné sur Saddam Hussein»... Lequel engrange les bénéfices de la zizanie internationale. En fait, sur le terrain, la guerre a déjà commencé. Les forces spéciales américaines s'emploient à reconnaître des cibles, l'aviation à démanteler la défense antiaérienne et les services secrets à mener une guerre psychologique pour pousser des unités irakiennes à faire reddition sans combattre.

A l'ONU, cependant, nul ne voit comment concilier la décision, prise par George W. Bush de longue date, d'en finir avec Saddam Hussein et celle de Jacques Chirac de tout faire pour éviter une guerre jugée trop risquée au regard de la menace que représente aujourd'hui l'Irak. Pris en otages entre le défi persistant du tyran irak