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Libération
Interview

«L'Amérique, une république bananière»

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publié le 20 mars 2003 à 22h12

Norman Spinrad, 53 ans, auteur de science-fiction, s'est établi à Paris en 1990. Non par rejet de la vie américaine mais par goût pour l'Europe. «Pour un auteur américain de science-fiction, ce n'est même pas une autre planète, c'est carrément un autre système solaire», a-t-il coutume de dire.

Est-il difficile ces jours-ci d'être américain à Paris ?

Personnellement, je n'ai aucun problème avec les Français. On ne m'a fait aucune remarque particulière. Ce week-end, j'étais à la mosquée du Ve, pas de problème... Ce qui est difficile, pour moi, en tant qu'Américain, c'est d'assister à ce que Bush fait. C'est désastreux. Beaucoup d'Américains sont honteux que cela se fasse en leur nom. Ils n'ont bien sûr aucun état d'âme vis-à-vis de Saddam Hussein et veulent sa destitution, mais ils sont scandalisés par la voie, brutalement illégale, choisie par une administration qui a volé son élection et qui les prive de leurs droits civiques. Cela fait de l'Amérique une république bananière. Mais la république bananière la plus puissante du monde. C'est destructeur pour la crédibilité des Nations unies, de l'Otan, et dans les deux pays ­ Etats-Unis et France ­, les gouvernements ont aiguisé des sentiments antagonistes.

Y a-t-il ici un antiaméricanisme qui ferait pendant à la francophobie actuelle aux Etats-Unis ?

Les deux ambiances sont différentes. Les Etats-Unis ont terriblement favorisé le ressentiment antifrançais, d'une manière beaucoup moins sophistiquée que la distinction faite en France